Biographie

 

Anne Dreyfus est danseuse, chorégraphe.
Depuis 2006 elle est la directrice du Générateur, un lieu d’arts et de performance situé à Gentilly.
Formée en danse classique et danse contemporaine à Paris, elle a été membre de la Cie Peter Goss et de la Cie Jennifer Muller and the Works (USA).
Entre 1982 et 2003 elle a créé avec sa compagnie plus d’une trentaine de chorégraphies présentées tant en France qu’à l’étranger.
Parallèlement à ses créations, elle a poursuivi une activité pédagogique intense et a enseigné entre autres, au Conservatoire Supérieur de Musique et de Danse de Paris de 1996 et 2001.
Son interrogation sur la relation entre la danse et la musique l’a amenée à développer une intense activité dans le domaine de la composition instantanée et de l’improvisation.

Elle co-fonde ainsi en 2006 avec le peintre Bernard Bousquet, Le Générateur, un espace de 600m2 situé à Gentilly qu’elle dédie à la présentation d’expériences artistiques singulières dans le champ de la performance, des arts visuels et de la musique.
Lieu de recherche, de création et de résidence, Le Générateur fonde sa programmation sur la rencontre, l’accompagnement des artistes et sur le principe de cartes blanches offertes à chaque autrice ou auteur.
En 2009 elle crée FRASQ, une rencontre de la performance qui réunit chaque année une cinquantaine d’artistes en partenariat avec d’autres structures sensibles à ce champ de l’art.
Le projet du Générateur croise ainsi intimement sa démarche d’artiste car il constitue une forme de réponse à son souci d’élargir sa vision, ses interrogations, son exploration, sur la place et le sens du corps dans l’art d’aujourd’hui.

A propos d’Anne Dreyfus

 

Dans les airs et en coulisses

Anne Dreyfus est un personnage improbable mais bien réel : en quelques décennies de parcours méthodique et fouillé des vastes territoires de la danse contemporaine, elle a atteint le sommet de la discrétion dans cette discipline : savoir s’effacer pour ouvrir à d’autres, savamment choisis, un espace scénique qu’elle maîtrise parfaitement. De New-York à Paris ; du classique au moderne ; le déploiement et la densité de son parcours de danseuse, chorégraphe et enseignante lui ont donné les outils théoriques et sensoriels d’une approche de l’espace dont la définition n’a pas encore été arrêtée.
Dans Le Générateur, lieu sans équivalent qu’elle a co-fondé en 2006 avec le peintre Bernard Bousquet, elle accueille le mouvement tel que le vivent des corps qui ne sont plus cantonnés à la « danse » au sens restreint de ce terme qu’elle a contribué à rendre obsolète, mais arpentent les possibles avec une audace grandissante et avec une folie cadrée par son expérience.
Adepte d’une mise en danger enthousiaste et lucide, elle offre, depuis 10 ans, à ses hôtes, la dangereuse liberté d’un espace vide habité par sa seule exigence. Le recul d’une pratique passée mais bien vivante lui permet de tout permettre, tant que l’intelligence habite le geste, et tant que le déséquilibre garantit la part d’imprévu qui fait battre en cadence le pouls du spectateur et du « performer », sous le microclimat de cette salle qui n’en finit pas d’en goûter de toutes les saveurs. Gorgé de sens et d’affects jamais complètement effacés, le volume clos et sombre du Générateur s’allume d’énergies jamais pareilles, à mesure que défilent les protagonistes d’une histoire de l’éphémère qui ne s’écrit qu’entre ses murs, à flux tendus mais avec une empathie toujours égale.
Car ce sont les rencontres, et leur simple mais irremplaçable qualité, qui président aux choix contrastés de cette programmation apparemment déraisonnable. Excès et mesure, balance excitante des registres, sont les critères déterminants d’invitations ordonnées par sa longue habitude du contraste. Anne Dreyfus reçoit, examine, tient et lâche la bride à une foule d’artistes que sa confiance et son discernement répartissent dans « la place »… et le temps.

Éléonore Espargilière – oct. 2016